Interview exclusive pour Dinna Fash Sassenach

Valérie Gay-Corajoud : Bonjour Lionel, avant toute chose, je tiens à vous remercier de prendre le temps de répondre à mes questions malgré votre emploi du temps bien chargé. Je suis heureuse d’ainsi donner l’opportunité à mes lecteurs de mieux vous connaître au-delà de votre interprétation d'un Louis XV particulièrement sensible.

VGC : La première question que j’ai envie de vous poser c’est : Est-ce que vous pensez que votre expérience en tant qu’acteur de théâtre vous a été utile pour interpréter Louis XV ?

Lionel Lingelser : Mon expérience de théâtre m'a énormément apporté. Notamment pour la construction du personnage. Le costume est un réel allié de jeu, il me donne la ligne, la posture. Le caractère de Louis XV est venu en grande partie grâce au costume. Aussi le roi est en constante représentation, il est par naissance théâtral, c'est comme si, dès son lever, il était en scène. Ce travail sur le costume est un travail que j’aborde également avec ma compagnie

VGC : À l’inverse de son bisaïeul, Louis XV était un roi plutôt effacé et mélancolique et je trouve que vous avez su parfaitement rendre compte de cet état. Pouvez-vous nous raconter comment vous avez décidé d’endosser ce rôle ? D’ailleurs à ce sujet, avez-vous reçu des consignes strictes ou vous a-t-on laissé une certaine liberté d’interprétation ?

LL : J'ai beaucoup échangé avec Metin Hussein, un des réalisateurs. Il m’a beaucoup nourri et précisé le ton qu’allait prendre la saison II. Une fois que le cadre a été clair, on m’a laissé beaucoup de liberté, notamment pour tout ce qui était gestuelle du roi. Les scénaristes sont aussi très présents sur les tournages et sont garants de l’esprit de l’épisode.

VGC : Pouvez-vous nous parler des conditions de tournage sur un plateau aussi chargé en décors et en costumes ? Et d’ailleurs, à propos des costumes du roi, tous plus merveilleux les uns que les autres, lequel avez-vous préféré porter et pourquoi ?

LL : J’ai aimé tous mes costumes. C'était la première fois dans ma vie d’acteur que je portais des costumes aussi Splendides. Terry est maîtresse en la matière et elle a une équipe incroyable autour d’elle.

Les conditions de tournage sont merveilleuses et très professionnelles. Chacune et chacun fait son travail d’une manière admirable, au service de cette grande série.

VGC : Comment avez-vous géré les entrechoquements de la langue française et anglaise (avec quelques accents irlandais et écossais !) au cours de vos différents dialogues ? Par exemple, il vous a fallu apparemment, donner la réplique en anglais alors que vous étiez plusieurs acteurs français.

LL : Nous étions merveilleusement accompagnés pour l'apprentissage et la prononciation du texte en anglais. Des coachs sont présents sur le tournage et nous suivent de près. C'était amusant de réaliser à quel point nous autres français, parlons avec la bouche très peu ouverte et un ton monotone alors que la langue anglaise possède de plus grandes amplitudes.

VGC : La cour parisienne a été présentée sous un jour assez peu glorieux, que ce soit dans la saga littéraire de Diana Gabaldon ou dans son adaptation télévisée. Que pensez-vous de ce regard peu flatteur qu’ont les américains sur la cour parisienne ? Avez-vous pris plaisir à aller dans ce sens (je pense entre-autre à la scène du lever et à la constipation chronique du souverain) ?

LL : J'aime ces oppositions entre ce qu’on imagine et la réalité de l’époque. A en lire les récits, la vie des gens de la cour n’était pas très glorieuse. L’opulence demeure incontestable mais l’hygiène était terrible. Après, Outlander reste une fiction et il n’y a pas de mal à s’en moquer à mon sens ou à la caricaturer. Molière le premier l’a fait et bien plus frontalement. Certes peu glorifiant mais jouissif en tant qu’acteur. Nous avons fait plusieurs versions plus ou moins exagérées pour qu’au final, nous puissions choisir le dosage adéquat. Nous avons énormément ri pour cette scène. Je me souviens du Cameraman qui pleurait de rire et qui n’arrivait plus à stabiliser sa caméra …très beau moment. Pour ma part, plus c'est extrême, plus le défi est beau à relever, j’ai adoré la scène du lever. Certes peu glorieux mais ce qui est lisse au cinéma m’ennuie.

VGC : Lors de cette deuxième saison d’Outlander, nous avons eu droit à une magnifique brochette d’actrices et d’acteurs français et j’avoue que cela a été un régal pour nous, les fans français. En connaissiez-vous avant cela et avez-vous eu l’occasion de retrouver certains d’entre eux par la suite ?

LL : Oui pour nous aussi ce fut une grande chance d’être ensemble. Ce fut un heureux hasard mais j'en connaissais beaucoup. Stanley avec qui jetais au conservatoire, Claire Sermonne était déjà une amie, Dominique Pinon avec qui j'avais tourné au cinéma ainsi que César Domboy.

VGC : Si vous aviez l’opportunité de revenir dans le passé et d’incarner un autre personnage de la série, lequel endosseriez-vous et pourquoi ?

LL : Pas de personnage en particulier mais à choisir j’aimerais davantage jouer un personnage qui a une longue trajectoire. Un personnage qui vit de multiples vies à l’intérieur de la même histoire. C'est cela qui est beau et nouveau avec les séries, l’opportunité incroyable pour un acteur de trouver son personnage sur la durée et en explorer toutes les facettes.

VGC : Pouvez-vous nous parler de vos projets à venir ? Est-ce que Outlander vous a ouvert d’autres opportunités en France ou à l’étranger ?

LL : Oui depuis Outlander j'ai eu beaucoup plus de propositions à l’étranger. Pas toujours évident de les faire coïncider avec les emplois du temps de théâtre. Pour l’avenir, j'ai participé à un film qui sort en France le II mars : FORTE, et puis surtout je développe ma compagnie de théâtre avec plusieurs projets de mise en scène.

VGC : Et pour finir, si vous deviez écrire une épitaphe à propos du Louis XV que vous avez incarné dans la série, quels en seraient les termes ?

LL : Un chasseur de sorcières précieux et constipé.

VGC : Je vous remercie infiniment cher Lionel pour ce temps que vous nous avez accordé et vous souhaite de continuer à explorer le monde et le temps de cette merveilleuse façon. A n'en pas douter, grace à votre prestation dans Outlander, vous avez élargi et diversifié votre public !

Valérie Gay-Corajoud,

pour Dinna-Fash-Sassenach.com

Théâtre
2019 40° sous zéro (Copi) | Louis Arene | Munstrum Théâtre
2019 Entrailles (Pauline Ribat ) | Pauline Ribat
2017 - 2018 - 2019 Price (Steve Tesich ) | Rodolphe Dana | Larry
2017 - 2018 - 2019 Le chien, la nuit et le couteau (M. Von Mayenburg) | Louis Arene
2017 - 2018 - 2019 Depuis l'Aubre, Ode au clitoris (Pauline Ribat ) | Pauline Ribat
2016 Cette seconde est parfaite (Simon Diard ) | Eugen Jebeleanu
2015 Ami Entends-tu ? | Manon Savary
Cour d'Honneur des Invalides
2015 Depuis l'aube | de et par Pauline Ribat
2014 L'ascension de Jipé | par le Munstrum Théâtre
2013 Un Chien dans la tête (Stéphane Jaubertie) | Olivier Letellier | Rôle du Fils
2012-2013-2014 Oh Boy (Marie Aude Murail) | Olivier Letellier | Seul en scène |Théâtre du Phare
2011 Une visite inopportune (Copi) | Philippe Calvario | Rôle du journaliste |Maison de la culture de Nevers et de la Nièvre, Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Théâtre du Beauvaisis
2009-2010 Les fourberies de Scapin (Molière) | Omar Porras | Rôle de Scapin |Tournée internationale
2009-2010 La dernière noce (Création collective )|Théâtre Nomade
2008 Le lézard noir (Yukio Mishima ) | Alfredo Arias
Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique
2008 L’ombre de Venceslao (Copi ) | Mario Gonzalez
Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique
2008 Célébration (Harold Pinter ) | Gérard Desarthe
2008 La mouette (Anton Tchekhov ) | Antoine Mathieu
2008 Tambours dans la nuit (Bertolt Brecht ) | Sara Llorca
2006 La dispute (Marivaux ) | Annabelle Simon
2006 Lucrèce Borgia (Victor Hugo ) | Marine Faure
2006 Souricettes, curés et autres bestioles (D'après Dario Fo ) | Annabelle Simon
2006 Andromaque (Jean Racine ) | Vincent Taburet
2005 Musée haut, musée bas (Jean-Michel Ribes) | Jean-Michel Ribes
Théâtre National de Nice, Théâtre du Rond Point
2005 Hiver (Jon Foss ) | Cédric Prévost
2005 Salinger (Bernard-Marie Koltès ) | Maxime Franzetti | Leslie.
2005 Les quartiers de chairs (Jean-Charles Schwartzmann) | Jean-Charles Schwartzmann
2005 Douce nuit (Tadeusz Kantor ) | Caroline Nepveu
2004 Introspection (Peter Handke ) | Rémy Labourdette
2003 Eve contre nature (Ismael Jude) | Ismael

Mise en scène
2019 Clownstrum | Munstrum Théâtre
2016 Leaks | Munstrum Théâtre
2015 Intempéries | Munstrum Theatre
2014 L'ascension de Jipé | Création collective Munstrum Théâtre
2014 Musset-Sand Correspondances | Adaptation et mise en lecture avec Marie Kaufmann
2013 La dernière berceuse | Solo de Louis Arene. Collaboration artistique
2013 L'humour pour tous | Solo interprété et écrit par Zazon

Théâtre

Lionel Lingelser

Originaire du Sundgau (Le sud de l'Alsace), Lionel Lingelser passe son enfance à Illfurth. Il commence le théâtre dès le collège. En terminale, il rencontre Barbara Abel, comédienne, qui le mettra en scène dans Précalo au centre culturel des coteaux.

A 18 ans, son bac S en poche, il est accepté au cours Florent, où il passera quatre années, dont deux années en Classe Libre. C'est lors de cette Classe Libre qu'il auditionne avec succès pour jouer sous la direction de Jean Michel Ribes dans sa création : Musée Haut Musée Bas.

En 2006, Lionel présente le concours d’entrée du prestigieux Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, la voie officielle pour espérer intégrer la Comédie Française. Lionel fait partie des 15 garçons et 15 filles qui sont reçus sur les plus de 1300 candidats.

Durant les 3 années passées au Conservatoire, il rencontre des metteurs en scène renommés tels que Daniel Mesguich, Alfredo Arias, Mario Gonzales, Gérard Desarthe…

Parallèlement à ses cours, Lionel joue avec la Compagnie Lalasonge et fait ses premiers pas à la télévision aux côtés de Mimi Mathy dans Joséphine Ange Gardien puis Bernard Lecoq dans un téléfilm historique : Désobéir, et finalement au cinéma aux côtés de Daniel Auteuil dans la comédie de François Desagnat et Thomas Sorriaux : 15 ans et demi. Jean Michel Ribes le rappelle également pour une adaptation cinématographique de Musée Haut, Musée Bas.

Pour arrondir les fins de mois, Lionel participe à quelques pubs et s’essaye également au doublage pour une chaîne de jeunesse et quelques séries et films américains.

En décembre 2008, il est engagé après audition pour jouer dans la compagnie suisse Teatro Malandro dirigée par Omar Porras (metteur en scène d’origine colombienne). Il endosse alors le rôle de Scapin dans les Fourberies de Scapin de Molière pour une tournée internationale d’avril 2009 à juin 2010.

Parallèlement il obtient son diplôme d’état mettant fin symboliquement aux 7 années d’écoles de théâtre.

En 2010, il reçoit de la ville de Mulhouse le Trophée de la culture de la ville. C’est d’ailleurs à Mulhouse qu’il crée la compagnie "Munstrum Théâtre ".

A partir de 2014, il enseigne au Laboratoire de Formation au Théâtre Physique à Montreuil

Louis XV

Première apparition

Introduction à Versailles

Saison 2, épisode 2