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L'ours 

Par Gratianne Garcia 

 

suivi d'un texte de Tara Ross sur la naissance de l'ours Teddy Bear et ce qu'il symbolise pour les Américains     

Attention, spoils des tomes 4,5,6 et surtout première partie du tome 9 

 

 

En Caroline du Nord, et particulièrement dans les Appalaches où se trouve Fraser’s Ridge, il y a des ours dont nous entendons parler régulièrement dans la saga. Ils sont dangereux pour l’homme quand ils ont faim ou pour protéger leurs petits.

Les Fraser vont apprendre à vivre avec ces animaux qu’ils leurs sont inconnus.

L’ours est un animal totem pour les Natifs qui par considération l’ont transmis à Jamie.

Dans le T4, dès leur arrivée et leur découverte de cette nature sauvage, un ours les attaque. Jamie arrive à le tuer quasiment à main nue sous les yeux de chasseurs indiens passant par là : …« Tueur d’Ours , n’est-ce pas ainsi que t’ont baptisé les Tuscaroras ? »… et ils lui ont offert une griffe de l’ours en guise d’estime et de protection.

Des années plus tard Jamie demande à Ian : …« Tu sais peut-être où est passée ma griffe ? La griffe d'ours que les Tuscaroras m'ont donnée, je veux dire. J’en aurais bien besoin »… (T9 Ch28)


Dans le T5 Ch22, Jamie et Claire ont le souci de préserver leurs provisions et leur miel de la voracité des bêtes sauvages : …« Pour protéger cette réserve des ours, on avait placé le tout dans la grotte qui servait d’étable, fermée par un mur. »…


Dans le T6 Ch14, Jamie devenu agent indien, est respecté et appelé « Tueur d’Ours » par les Cherokee et leur chef Tsisqua.


Dans le T9, où la vie familiale s’écoule tranquillement à Fraser’s Ridge, sans prévenir, Diana Gabaldon nous plonge avec moult détails dans l’effroi de l’attaque d’un ours affamé qui va tuer Mary Higgins. Pourtant…. Dès le début du T9, il y a des indices annonciateurs pour nous prévenir d’un danger imminent avec un ours qui rôde autour de Fraser’s Ridge pour se nourrir.


— Ch2, après d’émouvantes retrouvailles, Jamie est parti chasser avec sa fille. Un ours affamé dévore, devant lui, un daguet blessé par une flèche tirée par Ian qui les a rejoint. L’ours a mordu et blessé Jamie à la jambe quand il a voulu lui donner un coup de pied dans le museau pour l’éloigner.
— Ch23, un peu plus tard, il y a une discussion entre Jem et Germain qui pêchent la truite : Pourquoi les femmes ne peuvent-elles pas chasser ? …« — Une femme qui sent le sang n’attire-t-elle pas les ours et les pumas ? demanda Germain, inquiet. — Probablement pas, répondit Roger en espérant avoir raison. »…
— En chassant, Ian rencontre des Indiens qui l’avertissent qu’un ours traîne dans le coin et qu’ils le cherchent…

—  Ch28, Jamie « Tueur d’Ours » n’a plus son pendentif avec une griffe d’ours offerte par les Indiens pour le protéger : … « Tu sais peut-être où est passée ma griffe ? La griffe d'ours que les Tuscaroras m'ont donnés, je veux dire." Il n'avait pas pensé à elle depuis des années. Il l'avait prêtée à Ian il y a quelque temps, pour qu'il la porte lors d'une partie de chasse. Mais ce ne serait peut-être pas une mauvaise chose que de l'avoir avec lui aujourd'hui. "Aye, je sais où elle est." (…). "Je l'ai donnée à mon cousin William." "Ton cou- Oh." Il observa Ian pendant un certain temps qui ne leva toujours pas les yeux. "Et c'était quand ?"(…) "Quand je l'ai sorti du marais, comme je te l'ai conté. Je lui ai dit que tu voulais qu'il l'ait." Il leva les yeux au ciel, un sourcil fin recourbé, tout comme son père. "Je n'ai pas eu tort de la lui donner, n'est-ce pas ?" "Non", dit Jamie, sentant une chaleur soudaine monter en lui, alors que les poils de son cou se hérissèrent. "Non, tu n'as pas eu tort. »…


Effectivement après ces annonces glissées de manière anodines dans la vie quotidienne, au Ch26 alors que Brianna, Amy et les enfants cueillent des raisins sauvages, l’auteure nous fait vivre de manière très détaillée l’attaque de cet ours affamé et sanguinaire (attiré par le sang des femmes ?). Tout se passe très vite, et tous nos sens sont sollicités : …« Amy n'était plus là. Les vignes marquèrent un mouvement de va et vient contre la falaise et Bree vit une éclaboussure sombre sur la roche. Un éclair blanc, le jupon d'Amy. Elle gisait sur le sol à trois mètres de là, ses vêtements étaient couverts de sang. Un ours avait sa tête dans sa gueule, et il poussait d'affreux grognements. »…


L’auteure profite de la gestion de ce drame qui dure 5 chapitres, pour nous décrire le rôle de chacun dans la vie communautaire de cette micro-société. Tout se passe dans une précipitation urgente et organisée. Je ressens un parallèle entre le passé de chacun des colons et leurs actions : compétences, traditions, rituels païens et religieux.


JAMIE, le chef patriarche prend toutes les décisions avec une autorité bienveillante en respectant la place et le savoir-faire de chacun. Il cherche l’aide des autres et les dirige tout en les laissant agir en fonction de leurs aptitudes. Jamie a toujours oeuvré de cette façon. …« il est né pour être un chef, un Laird »… dira Claire à sa fille. Il prend grand soin de Bobby Higgins et des enfants pour tenter d’atténuer leur traumatisme et les aider à faire leur deuil : Jem ne viendra à la chasse de l’ours que si son père l’y autorise, Aidan doit venir pour venger sa mère et ainsi pouvoir entamer sa résilience. Très entouré par Jamie, Bobby bouleversé choisira de venir également.


CLAIRE, dans son rôle de médecin est là avec son matériel et ses gestes sûrs. Elle prend soin des corps. Pour Amy gravement blessée, elle ne peut rien faire sauf l’accompagner à mourir et à la rendre visible pour le dernier adieu de sa famille et des amis.


BRIANNA, est complètement perdue. Elle est là, s’identifie à Amy et a du mal à trouver sa place. Pour finalement faire ce qu’elle est : - une mère, en éloignant et en s’occupant des enfants. - une ingénieure qui va aider le menuisier à la fabrication du cercueil. Ce travail lui apporte un sentiment de paix.


ROGER, agit en père protecteur des enfants et prend soin des âmes : …« avec calme et compassion »… comme le dira Rachel. Il est présent en tant que pasteur pour accompagner Amy et qu’elle puisse dire adieu à ses enfants et à Bobby : …« garde la toujours dans le cœur de ses enfants »…dit-il à Bobby. Pour la communauté, il s’affirme avec sa tenue de ministre et les prières de circonstance : … « être pasteur est mon épée, mon combat »… expliquera-t-il plus tard à son fils.


JENNY, pratique les rituels écossais : une poignée de sel pour chasser les démons, prières en gaélique et laisser la porte ouverte pour faire sortir l’âme du défunt. Amy McCallum était elle aussi écossaise.


LES ENFANTS, en imitant les adultes annoncent la transmission qui est récurrente dans ce T9. Ils apprennent les bons comportements, et les rituels pour la chasse et la mort d’un proche. Jamie amène Aidan pour « venger » sa mère, Jem les suit en observateur, Germain s’est caché, trop sensible et émotif pour être là. …« Il est là sans être là »…


LES METAYERS sont tous là en soutien à Bobby Higgins : les hommes pour aider à tuer l’ours. Les femmes avec des boissons, de la nourriture et des prières préparent la cérémonie de veille du corps. Sans oublier Elspeth Cunningham qui aide efficacement Claire à faire la toilette mortuaire et à habiller le corps d’Amy.


On peut remarquer que les personnages sont choisis avec soin par Diana Gabaldon et représentent la future société américaine.

Pour moi, elle a imaginé ce dramatique évènement pour nous raconter une fois de plus et différemment cette Amérique qui est son pays et son histoire. Dans le travail de chacun, il y a une réelle volonté d’action collective qui participe à la vie de cette petite colonie de la Caroline du Nord. Tout ce « fourmillement » apporte un sentiment de paix qui invoque l’avenir, mais pas seulement à Fraser’s Ridge : j’y vois une métaphore de toute la société américaine en devenir et ce qu’elle deviendra grâce à l’investissement commun de tous ces migrants pourtant différents par leur religions et leurs convictions politiques.


La première partie du T9 « L’adieu aux abeilles » et particulièrement ces 5 chapitres me font penser au Gathering du T5 où les agissements des personnages décrivent qui sont ces colons, d’où ils viennent et ce qu’ils feront. Dans les deux cas, pour moi, ce sont des chapitres de bilan où l’évocation du passé de chacun fait le résumé historique et social des livres précédents avec une description de la vie quotidienne au présent tout en annonçant le futur d’une guerre qui se prépare pour la construction de l’indépendance de l’Amérique.

Ce jour dans l’histoire :

Teddy Roosevelt et « Teddy’s Bear »

par Tara Ross 

 

 

Billet original  

 

En ce jour de 1902, une caricature politique est publiée. Cela incite à la création de l’ours en peluche. Saviez-vous que les ours en peluche portent le nom du président Teddy Roosevelt? Et, si oui, savez-vous pourquoi?

Tout a commencé lorsque le gouverneur du Mississippi, Andrew H. Longino, a invité Roosevelt à un voyage de chasse. Roosevelt aimait chasser, mais cette chasse particulière ne se passait pas si bien pour lui. Il n’a pas vu d’ours pendant des jours, alors que les autres chasseurs du groupe se portaient beaucoup mieux. Les détails de ce qui s’est passé ensuite sont un peu obscurs, mais il semble que les autres voulaient aider le président à obtenir au moins un ours.

Quelques versions de l’histoire sont racontées: Peut-être que les chasseurs ont trouvé et attaché un ours pour le président. Ou peut-être que certains des chiens de chasse ont coincé un ours. Ou peut-être que l’ours était acculé, mais seulement parce qu’il avait tué l’un des chiens de chasse et avait été arrêté par l’un des autres chasseurs. Ce chasseur a matraqué l’ours, plutôt que de le tirer, sauvant ainsi la mise à mort finale pour le président.

Quoi qu’il en soit, un ours a été piégé et le président a été invité à recevoir son prix. Toutes les versions de l’histoire s’accordent sur ce qui s’est passé ensuite: Roosevelt a refusé de tirer sur un animal capturé. C’était antisportif! Il croyait en la « chasse équitable » et ne tirerait sur un animal que dans ces conditions.

Sans surprise, l’histoire est sortie. En quelques jours, une caricature politique a été publiée, représentant la scène. Il montrait un mignon petit ours recroquevillé, alors même que Roosevelt tournait le dos à l’ours, refusant de lui tirer dessus.

L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais... c’est l’Amérique, donc ce n’est pas le cas. :) Deux entrepreneurs ont vu une opportunité et l’ont saisie, bien qu’ils aient pris soin de respecter leur président pendant qu’ils le faisaient.

 

Deux propriétaires de magasins de bonbons à New York, Rose et Morris Michtom, ont eu l’idée de créer un ours en peluche. Ils s’attendaient à ce que « l’ours de Teddy » soit assis dans la vitrine de leur boutique. Mais dès le premier jour, au moins une douzaine de personnes ont demandé si elles pouvaient l’acheter! Les Michtom ont commencé à se demander s’ils pourraient avoir besoin de la permission du président pour poursuivre leur nouvelle entreprise, alors ils lui ont envoyé une demande: le président serait-il d’accord s’ils nommaient leurs ours après lui?

Avec leur demande, ils ont envoyé l’ours en peluche original comme cadeau pour les enfants du président.

« Je ne pense pas que mon nom soit susceptible de valoir beaucoup dans le secteur des ours en jouet », aurait répondu Roosevelt, « mais vous êtes invités à l’utiliser. Je vous souhaite bonne chance dans votre entreprise d’ours en jouet. »

Roosevelt a dû être surpris par ce qui a suivi ?

En peu de temps, les Michtom vendaient tellement d’ours qu’ils ont fermé leur magasin de bonbons et ouvert une entreprise de jouets, l’Ideal Novelty and Toy Company. D’autres entrepreneurs ont rapidement emboîté le pas, fabriquant leurs propres versions de l’ours en peluche. Le Parti républicain a même adopté l’ours comme une sorte de mascotte pendant un certain temps.

Et c’est ainsi que les ours en peluche sont devenus un aliment de base de la vie américaine.